L'histoire de la Fondation De Grammont
L’histoire de la Fondation De Grammont
Première période : création (1755 / fin XVIIIème siècle)
La Fondation de Grammont à Villersexel, en Haute-Saône, trouve son origine au XVIIIème siècle, lorsque la famille noble de Grammont, installée dans la région, décide de créer un établissement hospitalier pour venir en aide aux plus démunis.
L’idée de construire l’hôpital/hospice de Grammont émane du marquis Pierre de Grammont, seigneur de Villersexel. (Description ci dessous)
Il s’inscrit dans un contexte local de reconstruction, après les guerres et les épidémies du XVIIème siècle, où la ville cherchait à améliorer ses infrastructures de santé et d’assistance sociale.
Fondée entre 1755 et 1768, l’institution est pensée comme un hospice civil destiné à accueillir les pauvres, les malades et les vieillards du secteur. C’est une œuvre philanthropique majeure pour l’époque, fondée sur des principes chrétiens de charité, avec le soutien de la famille de Grammont et la participation active de communautés religieuses.


Dès 1753, le marquis contacte l’architecte bisontin Nicolas Nicole pour établir les plans. Les travaux commencèrent vers 1755, comme l’indique une date gravée sur une clef de voûte du vestibule et de l’escalier.
Le gros œuvre est achevé en 1768, les ailes destinées aux malades étant progressivement achevées (la seconde aile autour de 1769), et les derniers travaux vers 1771. L’hôpital est conçu selon un plan assez typique de l’époque : un corps central légèrement avancé, deux ailes pour les malades, une chapelle au premier étage au centre flanquée des salles, et au rez-de-chaussée les locaux utilitaires (cuisine, apothicairerie, logement des religieuses de Sainte Marthe).

Deuxième période : guerre franco prussienne 1870 / 1871
Durant les XIXème et XXème siècles, l’hôpital conserve son rôle d’établissement de soin, avec la présence constante des religieuses de la congrégation de Saint Marthe, qui y assurent les soins et l’organisation de la vie quotidienne. Son bâtiment, de style classique, est aujourd’hui classé au titre des Monuments historiques, et conserve encore une apothicairerie remarquable. Il a été témoin des bouleversements de l’histoire locale, notamment lors de la guerre franco-prussienne de 1870/1871.
La bataille de Villersexel a eu lieu le 9 janvier 1871 entre l’armée française de l’Est (commandée par Bourbaki) et les forces prussiennes (Von Werder).
Le château de Villersexel, propriété de la famille de Grammont, est fortement endommagé et incendié pendant les combats. Le village partiellement détruit, possède encore des ruines de cette bataille.
Etant éloignée du centre du bourg et du château, la Fondation n’a connu aucun dégât lors de cette bataille. Elle demeure toutefois un témoin de cette bataille.


Troisième période : Seconde Guerre mondiale
Au fil du XXème siècle, l’hôpital de Grammont continue de jouer un rôle social essentiel pour la région, notamment pendant les deux guerres mondiales. Si les archives précises concernant son rôle exact pendant ces conflits sont limitées, on sait que la Fondation a maintenu sa vocation d’accueil et de soins.
Un des personnages marquants de cette période est François de Grammont, descendant de la famille. Il s’engage dans la Résistance. Le 14 février 1944, il est arrêté par les Allemands et finit par mourir en déportation à l’âge de 38 ans. (Description ci dessous)
Cela témoigne de l’engagement de la famille dans la Résistance et de son implication dans les événements marquants de l’Occupation.


Période contemporaine : années 1980 / 2000
Aujourd’hui, la Fondation de Grammont a été transformée en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), tout en conservant son nom et son héritage.
En 1979, l’ancien hôpital est transformé : agrandissement et modernisation pour devenir une maison de retraite médicalisée.
Le Pavillon Miroudot est étendu en 1996, en l’an 2000 c’est au tour du Pavillon Saint Paul d’être rénové.
L’établissement est inscrit au titre des monuments historiques en 1998, ce qui accrédite sa valeur patrimoniale.
Dans ses fonctions actuelles, la Fondation de Grammont accueille 96 résidents, répartis selon des services différenciés : plusieurs unités classiques, deux unités Alzheimer (dont une unité protégée, et une Unité d’Hébergement Renforcé).
Elle reste un symbole de la continuité d’une œuvre de solidarité commencée il y a plus de deux siècles. Le bâtiment, partiellement ouvert à la visite, témoigne d’une histoire locale profonde, mêlant engagement humanitaire, foi religieuse, patrimoine architectural et mémoire des conflits qui ont traversé la région.


Les Marquis De Grammont :

Pierre de Grammont, marquis de Villersexel, naît le 18 mars 1707 à Autun et meurt le 1er mai 1795 à Villersexel, à l’âge de 88 ans. Fils de Michel de Grammont, lui même lieutenant général des armées du Roi, Pierre s’inscrit dans la tradition militaire et aristocratique de sa famille. En 1735, il épouse Eugénie Renée de Brion, puis en 1745 Marie Henriette de Vaudrey, et il eut deux filles de cette seconde union.
Outre ses fonctions militaires, Pierre de Grammont se distingue surtout par son action sociale et philanthropique dans sa seigneurie. En 1768, il fonde officiellement l’hôpital de Villersexel, structure destinée à accueillir les malades, mais aussi les vieillards et indigents, principalement ceux de Villersexel et des domaines de la famille de Grammont.
La construction de l’hôpital avait commencé une dizaine d’années plus tôt, vers le milieu des années 1750, sur les plans de l’architecte Nicolas Nicole.
L’établissement comprenait à l’origine 24 lits.
L’hôpital était dédié à Sainte Marthe et à Saint Thèodule (saint patron de la famille), et il était desservi par la congrégation des religieuses hospitalières de Sainte Marthe.
Ce geste de fondation s’inscrit dans une époque de reconstruction locale, où la ville de Villersexel cherchait à réparer les ravages laissés par les guerres et les épidémies du XVIIème siècle, et à renforcer l’entraide sociale.
L’hôpital de Grammont, comme il sera appelé, reste aujourd’hui un témoin marquant de cet engagement philanthropique du XVIIIème siècle, et a survécu aux changements de régime, aux mutations architecturales et aux défis du temps.

François Joseph Théodule Armand de Grammont, plus connu sous le nom de François de Grammont, est né à Paris le 22 avril 1906. Issu d’une lignée noble, il porta le titre de 8ème marquis de Villersexel, succédant à son père, Antoine de Grammont, officier de dragons. Sa mère, Jeanne Marie de Maillé de La Tour Landry, appartenait elle aussi à une grande famille aristocratique. En 1934, François épouse Paule Suchet d’Albufera, avec laquelle il aura une fille.
Durant l’Occupation allemande, le marquis de Grammont s’engage activement dans la Résistance française, notamment dans la région de Villersexel, en Franche-Comté, dont il était une figure éminente. Son engagement dans les réseaux de résistance, bien que discret et difficile à documenter précisément dans les archives publiques, est attesté par son arrestation par les forces allemandes le 14 février 1944. Cette arrestation marquera le début d’un long calvaire.
Déporté peu après, François de Grammont ne survivra pas à l’horreur des camps. Il meurt le 5 février 1945, à l’âge de 38 ans. Les circonstances précises de sa mort restent floues, comme pour tant d’autres résistants tombés dans l’oubli ou les archives incomplètes de la guerre.
Son sacrifice n’a pas été oublié localement. À Villersexel, une rue principale porte aujourd’hui son nom, perpétuant la mémoire d’un homme de conviction, noble non seulement par son rang, mais surtout par son courage face à la barbarie nazie.
D'autres clichés de la Fondation De Grammont à travers le temps :



